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24/02/2012 : Avec la crise, les kabbalistes d'Israël sont « surbookés » 24/02/2012 : Où et comment rencontrer l'observatoire zététique ? 24/02/2012 : Questions à Jean-François Rey 23/02/2012 : Paranoïa, contre-culture et milieux radicaux (1/2) 23/02/2012 : Notes de lectures - 62: "Dieu en questions" 23/02/2012 : Lazarus interviewe Florent Martin 22/02/2012 : Comment notre époque doute de la réalité 21/02/2012 : Autisme : tout ne marche pas ! 21/02/2012 : Radioactivité : quelles doses ? 19/02/2012 : Venezuela : l'opposant Henrique Capriles, cible de la théorie du complot
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Avec la crise, les kabbalistes d'Israël sont « surbookés » 
By AFIS, on 24/02/2012 at 22:32.
par Brigitte Axelrad - SPS n° 298, octobre 2011 Lorsque le rationnel ne suffit plus à justifier une décision économique... Les noms les plus connus du patronat israélien ont un recours régulier à un « coaching » mystique. Dans Israël Valley.com du 11 août 2011 [1], Daniel Rouach, professeur à l'ESCP-EAP European School of Management, cite notamment Nohi Dankner, le patron du puissant holding immobilier IDB, Ofer Nimrodi, patron du journal Maariv, Ami Harel, patron de la compagnie de téléphonie Bezeq, (...) Un monde fou, fou, fou...
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Où et comment rencontrer l'observatoire zététique ? 
By Observatoire Zététique, on 24/02/2012 at 10:39.
L'observatoire zététique est une association "loi de 1901" aux multiples activités : conférences, interventions médiatiques, protocoles expérimentaux, débats et réunions...
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Questions à Jean-François Rey 
By Psychologie, mathématiques et choses connex, on 24/02/2012 at 00:01.


L'actualité de ce début d'année est riche en rebondissements autour de la question de l'autisme et du traitement psychanalytique d'icelui. Dernier d'une liste impossible à dérouler ici, un article de Jean-François Rey (le philosophe, pas le médecin) fut publié le 22 février 2012 (voir aussi ceci). Rey y défend l'approche psychanalytique du traitement de l'autisme, en des termes parfois brumeux, mais localement compréhensibles. Il m'a paru difficile de faire un billet traditionnel ou un article publiable à partir de ce document. En revanche, j'ai voulu poser un certain nombre de questions précises à l'auteur. Le texte qui suit est donc composé de l'article du Monde, avec mes questions au fil du texte, en bleu. Cette lettre ouverte à J.-F. Rey est envoyée à l'auteur, ainsi que, dans une forme plus brève, à divers journalistes.

Cher collègue,
L’article que vous avez publié dans le journal Le Monde du 22.02.12 soulève certaines questions, que j’ai indiquées dans votre texte ci-dessous. Je vous serais très reconnaissant si vous acceptiez d’y répondre.
Nous sommes nombreux à nous poser ces questions, et une clarification de votre part serait la bienvenue.
Bien cordialement,
Nicolas Gauvrit
Université d’Artois & Université Paris VII
Autisme : c'est la psychiatrie qu'on attaque.
Défendre la psychothérapie institutionnelle
Par Jean-François Rey


Un rapport de la Haute Autorité de santé (HAS) qui doit être rendu public le 6 mars dénonce, dans sa conclusion, la non-pertinence de l'approche psychanalytique et de la psychothérapie institutionnelle dans le traitement de l'autisme, certes, et on risque de ne pas en rester là.
Qu’appelez-vous « psychothérapie institutionnelle » ? En quoi est-elle différente de la psychanalyse, ou d’une méthode fondée sur la psychanalyse ?
C'est l'humanité même de la psychiatrie qui est condamnée.
Ceux qui utilisent des thérapies alternatives à la psychanalyse pratiquent-ils selon vous une méthode inhumaine ?
La pratique du " packing ", longtemps utilisée dans le traitement des psychoses de l'adulte, repose sur l'enveloppement humide qui permet au patient souffrant d'un morcellement du corps propre de retrouver de l'intérieur son enveloppe corporelle.
Quelles données factuelles vous permettent d’affirmer que l’adulte psychotique souffre d’une « (angoisse de) morcellement du corps » ? 
Quelles données vous permettent alors – s’il y a bien « morcellement du corps » – d’affirmer qu’un linge humide remédie à ce « morcellement » ?
Est-ce bien cette pratique qui suscite les cris de haine de la part des associations de parents d'enfants autistes ? Les témoignages de ceux qui en auraient été les bénéficiaires ne seront même pas entendus.
Parlez-vous ici du packing pour les adultes consentants, ou pour des enfants autistes incapables d’exprimer clairement leur éventuel désaccord ? C’est je crois contre le packing appliqué aux enfants autistes que les associations militent.
Le pédopsychiatre Pierre Delion, dont on ne dira jamais assez la gentillesse et l'esprit d'ouverture, est la victime d'une véritable persécution ; cette campagne de haine n'a cessé de gonfler jusqu'à sa convocation devant le Conseil de l'ordre. Cette douloureuse affaire ne fait qu'augmenter le niveau d'angoisse où nous jette déjà une crise sociale et morale alimentée de toutes parts : si le scientisme gagne à l'aide d'arguments et de pressions non scientifiques, alors le désert croît. Si la psychiatrie n'est plus dans l'homme, on assistera à des pratiques de contention et de répression que l'on signale déjà ici ou là.
J’ai l’impression que ce paragraphe est une erreur de votre part. En quoi l’amabilité et l’extrême bonté de Pierre Delion justifient-elles qu’on applique une méthode à des enfants autistes sans vérifier son efficacité ? Aucune association à ma connaissance n’accuse Pierre Delion d’être « méchant ».
Le fait que vous soyez très angoissés nous ennuie évidemment beaucoup, mais je pense que les associations de parents d’enfants autistes préfèrent toutefois créer une regrettable anxiété chez les praticiens plutôt que de renoncer à faire appliquer ce qu’il y a de mieux pour leurs enfants.
Quant à la fin de votre paragraphe, je peux écrire exactement la même chose en parlant des méthodes cognitives. Elle n’est qu’une profession de foi. Ma question est donc la suivante : ai-je raison de penser que vous avez écrit ce paragraphe sous le coup de la passion, ou du moins qu’il ne contient aucun argument logique pour la défense de la psychanalyse ?
La désolation caractéristique du vécu de la psychose est aussi une expérience qui nous guette tous : en allemand, la désolation (Verwüstung) se souvient du désert (Wüste) qu'elle traverse. Aujourd'hui, si on ne pense pas en même temps la psychiatrie et la culture, on accroît la désertification. Ce qui est inédit dans cette affaire, c'est que, pour la première fois, on voit qu'un procès fait à la psychanalyse, discipline qui ne s'est jamais dérobée à la critique, débouche non pas sur une controverse scientifique argumentée mais sur une interdiction disciplinaire réclamée par des lobbies.
Puisque vous prônez, ce que j’apprécie grandement, une discussion qui se place sur le plan purement scientifique, pourriez-vous répondre de manière scientifique aux études qui montrent une supériorité des méthodes éducatives sur les méthodes psychanalytiques dans le traitement de l’autisme ?
Encore une fois, on peut contester la prétention de la psychanalyse à la scientificité, comme l'ont fait au siècle dernier les arguments de Karl Popper, ceux de Georges Politzer ou, plus près de nous, ceux de Gilles Deleuze. Il faut insister là-dessus : la psychanalyse, discipline libérale, ne s'autorisant que d'elle-même, selon les termes de Lacan, indépendante du discours universitaire mais mobilisant toutes les ressources de la science et de la culture, n'a jamais prétendu se dérober au débat scientifique. Cette pression de l'opinion intéressée et pleine de ressentiment est une insulte à la liberté de penser et une menace pour les autres disciplines de la science et de la culture.
Ce paragraphe paraît en contradiction avec l’appel à la science que vous venez de faire. Comment pouvez-vous demander un débat scientifique et exiger en même temps le droit de déroger à sa méthode en « vous réclamant de vous-mêmes ». Dans un débat scientifique, personne ne peut répondre à un argument « je ne me réclame que de moi-même », tout le monde se réclame de la science. Comment résolvez-vous ce paradoxe ?
A côté des vociférations d'aujourd'hui, la première vague de l'antipsychiatrie des années 1970, qui charriait beaucoup de préjugés et d'analyses sommaires, n'avait pourtant pas la même tonalité de haine et de bêtise. Or, cette haine risque de parvenir à ses fins.
Voulez-vous dire que les mêmes personnes, ou les mêmes idées, étaient à l’œuvre dans les années 1970 et aujourd’hui ? Si oui, sur quels faits vous basez-vous. Sinon, en quoi votre analogie est-elle pertinente ?
Certes, elle est nourrie de la souffrance de parents d'enfants autistes qui ont le sentiment d'avoir été culpabilisés par des discours peu nuancés. Menée à son paroxysme, la haine vise à soustraire l'enfant souffrant à une pratique qui vise pourtant à le soulager.
Nous sommes bien d’accord : la pratique vise à soulager l’enfant. Mais la question que se posent les parents n’est pas de savoir si les psychanalystes ont de bonnes intentions, mais si ce qu’ils font est bien pour leur enfant. Avez-vous des preuves scientifiques que la psychanalyse fournit de meilleures résultats que les autres méthodes ?
L'autiste n'est pas un malade, dit la nouvelle antipsychiatrie. La maladie mentale n'existe pas, disait la première antipsychiatrie. De telles affirmations massives résonnent comme un déni de la souffrance et plus encore de l'humanité qui est ou devrait être au coeur de la clinique, si toutefois le mot même de clinique a encore un sens pour les censeurs.
Pourriez-vous donner la référence de cette citation ?
Peut-être voulez-vous ici dénoncer le fait que l’autisme est aujourd’hui plus souvent appelé « trouble » que « maladie » ? Si tel est le cas, en quoi ce changement de nom pose-t-il problème ?
Mais les arguments ont entraîné, cette fois-ci, un recours à l'appareil judiciaire et à un traitement disciplinaire là où un débat argumenté et scientifique fait défaut. Il convient donc d'informer : il existe des lieux de soin, des praticiens, qui résistent à cette dérive. Ils y résistent d'autant mieux qu'ils savent dénouer l'intrigue du scientisme et du judiciaire bâtie autour de l'autisme, mais dépassant de loin la seule question de l'autisme.
Pourriez-vous expliquer ce que vous appelez le « scientisme » ici ? Voulez-vous dire que la psychanalyse n’a pas à se soumettre à l’évaluation scientifique parce qu’elle est trop « humaine » ? Si tel est le cas, quel débat scientifique imaginez-vous entre une psychanalyse qui n’a aucune preuve à fournir, et l’approche scientifique de la psychologie ?
Il est urgent d'avoir recours à une défense et illustration d'une psychiatrie née pendant et après la guerre qui visait à supprimer l'enfermement asilaire : soigner l'hôpital avant de soigner les malades, selon la formule du psychiatre allemand Hermann Simon, reprise par François Tosquelles.
Quel rapport faites-vous entre l’enfermement asilaire et les méthodes promues par les associations de parents d’enfants autistes et les scientifiques ?
Quand l'hôpital va mieux, certains troubles disparaissent. La psychothérapie institutionnelle qu'on dénonce aujourd'hui a une histoire à faire valoir.
Considérez-vous le fait d’avoir une longue histoire comme une preuve d’efficacité ?
Je me contenterai d'en rappeler quelques principes simples. L'institution doit faire du sur-mesure : ce n'est pas au patient de s'adapter au milieu. Pour cela, le concept analytique de " transfert " est précieux. Le transfert d'un patient, schizophrène ou non, sur l'institution, que Jean Oury appelle " transfert dissocié ", consiste à organiser la " rencontre " entre le patient et d'autres personnes évoluant dans les mêmes lieux : soignants, personnels de service, autres patients. Le mot même de " rencontre " est la clé de cette pratique. Pour qu'il y ait rencontre, il faut qu'il y ait liberté de circuler. Mais davantage encore, il faut que les lieux et les personnes soient assez distincts : distinguer les sujets, distinguer les lieux pour qu'ils deviennent des sites de parole, distinguer les moments contre un temps homogène et vide, distinguer des groupes et des sous-groupes dans un réseau d'activités. En un mot, résister à la tyrannie de l'homogène, face lisse du " monde administré ", selon la formule de Theodor W. Adorno.
Le code de déontologie des psychologues (dont une nouvelle version fut publiée en février) ne prévoit pas d’homogénéité des traitements, et insiste au contraire sur la singularité du sujet (préambule de la dernière version : « La complexité des situations psychologiques s'oppose à l’application automatique de règles. ») Il insiste en revanche pour que le psychologue utilise des méthodes éprouvées (Art. 24 : « Les techniques utilisées par le psychologue à des fins d’évaluation, de diagnostic, d’orientation ou de sélection, doivent avoir été scientifiquement validées et sont actualisées. »)
Vous semblez défendre l’idée que l’approche psychanalytique est moralement supérieure à ce qui est prévu dans ce code de déontologie - qui s'applique aux psychologues en général. Mais, même en supposant que vous ayez raison, en quoi cela est-il un argument thérapeutique ?
(Personnellement, je vous dis tout de go qu’en cas d’appendicite je préfère largement la chirurgie immorale qui ne prend pas bien en compte ma spécificité à un traitement homéopathique moralement irréprochable !)
Une telle pratique de soin de l'esprit humain s'est nourrie de l'apport de la psychanalyse, sans exclusive. Mais surtout, hors du débat scientifique dont pourtant on nous prive, il faut dire l'ancrage de ce traitement. " L'homme est en situation dans la psychiatrie comme la psychiatrie est en situation dans l'homme. " Ces mots du philosophe Henri Maldiney ont été illustrés dans des lieux aussi divers que la clinique de Ludwig Binswanger à Zurich, l'hôpital de Saint-Alban (Lozère) pendant la guerre ou, aujourd'hui encore, à la clinique de La Borde (Loir-et-Cher).
En quoi le fait que des philosophes aient dit des mots gentils sur la psychiatrie est-il un argument pour une approche psychanalytique de la psychiatrie ?
Va-t-on assécher l'élément humain dans lequel ces institutions baignent ? L'obsession sécuritaire présentant le patient schizophrène comme un danger, jointe au recours à la justice, va-t-elle avoir raison de ces pratiques toujours en recherche ? Nous ne pouvons nous y résoudre. Le désert croît et pourtant rien n'est joué.
Quel rapport précis faites-vous entre l’obsession sécuritaire et les méthodes scientifiques de la psychothérapie ?
Pourquoi parlez-vous ici de schizophrénie alors que le thème de votre article est l’autisme ?
Vous dénoncez le recours à la justice. Condamnez-vous également le recours à la justice contre le film Le Mur, qui a récemment été censuré ?
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Paranoïa, contre-culture et milieux radicaux (1/2) 
By Conspiracy Watch, on 23/02/2012 at 19:51.
Par Stéphane François
Paranoïa, contre-culture et milieux radicaux (1/2)
La théorie du complot est devenue une constante importante des milieux radicaux, tant de gauche que de droite, depuis le début des années 2000. Nous utilisons le mot « radical » car les discours conspirationnistes ou complotistes, les deux néologismes étant acceptés, ne sont pas le propre de milieux extrémistes de droite : tous font de l’« Autre », émanation de l’altérité, une figure, une représentation, de l’« ennemi » (1). Un ennemi omniprésent dans ce chapitre. Du fait de cette représentation particulière, nous élargirons ici notre démarche. En effet, nous verrons que cette vision du monde est commune à des milieux radicaux forts éloignés politiquement, dont l’un des points communs est une forme de paranoïa (2). Celle-ci est contagieuse et créatrice de porosités doctrinales : si les milieux conspirationnistes d’extrême gauche et ceux d’extrême droite sont éloignés et s’opposent, il n’en existe pas moins des lieux de convergence situés dans les sphères de la contre-culture. Toutefois, nous devons garder à l’esprit que ces sous-ensembles, s’ils peuvent communiquer, restent quand même des ensembles distincts ayant des différences, voire des divergences, textuelles et génériques.

Les discours qui nous intéressent s’inscrivent globalement dans une conception paranoïaque-critique du monde, ainsi que dans une forme de pensée mythique, bricolée (3), ayant des liens vers une interprétation paranoïaque-clinique. Une conception qui est fort à la mode actuellement (4), dans notre époque à la fois saturée d’information et sujette à une « crise de sens » (5), au point que le sociologue George Marcus parle à ce sujet de « mode de pensée sociale » (6). En effet, comme l’a montré la sociologue Nathalie Heinich, elle est parfois présente dans le milieu de la sociologie universitaire (7). Cette vision du monde, née d’une crise de repère et d’une hyper-rationalisation, voire d’un hyper-criticisme, est banalisée, comme nous le verrons ultérieurement, par une culture populaire de type « paranoïde », qui s’est largement développée grâce à la révolution Internet. Ce médium va être en effet un outil indispensable au développement de ce type de discours, de cet imaginaire (8) : les publications à connotation paranoïaque/conspirationniste étaient jusqu’à présent confidentielles, très peu lues. Internet, en dématérialisant les supports, a permis une diffusion accrue de ces thèses, au travers notamment de la démultiplication de ces sites : une personne peut animer plusieurs sites, voire monopoliser plusieurs forums sous différents avatars, comme cela est souvent le cas dans les milieux extrémistes.

Le succès de la théorie du complot

La thématique du complot est récurrente dans l’histoire des idées : on la retrouve à la fin du XIXe siècle, dans les années trente, dans les années soixante à la suite du Matin des magiciens et de Planète... Comme un serpent de mer, elle réapparaît régulièrement. Mais il vrai que depuis le début des années deux milles, cette thématique explose, alors qu’elle avait disparu entre les années quatre-vingts et le milieu des années quatre-vingt-dix. Elle va resurgir notamment dans les milieux ufologiques et New age, en particulier à la suite du succès au début des années deux mille du Livre Jaune n° 5 de Jan Van Helsing (9), un best seller de la littérature conspirationniste.

Ces thèmes conspirationnistes connaissent donc un succès croissant sur Internet. La « vérité est ailleurs » selon le slogan d’une série télévisée. En effet, la théorie du complot, dans un sens paranoïaque-critique, a été très largement vulgarisée par la série télévisée à succès X-Files (10). Cette dernière, une série télévisée à très grand succès, et multi-récompensée, tant en Europe qu’en Amérique du Nord, a très largement vulgarisée la théorie du complot. En effet, elle fut la première série télévisée à faire de la thématique paranoïaque conspirationniste sa base scénaristique, permettant au téléspectateur de se poser la question : « Et s’il n’avait pas tort ? » (11). Dans celle-ci donc, le personnage principal, Fox Mulder, un agent du FBI, enquête sur l’implication du gouvernement fédéral américain, de l’ONU, de l’UNESCO et d’une organisation dont on ne connaîtra jamais le nom, dans la colonisation de la Terre par des extraterrestres. Ce thème, d’abord marginal et dilué au grès d’épisodes traitant du paranormal, devient au fil des neuf saisons récurrent puis central. Il sera d’ailleurs au cœur du premier film tiré de cette série. Néanmoins, Cette thématique est aussi présente dans la paralittérature de science-fiction, en particulier chez Phillip K. Dick (12). Ce genre est très lu dans certains milieux radicaux comme les conspirationnistes, la nébuleuse New Age ou l’extrême gauche. De fait, cette nouvelle phase conspirationniste est intéressante par son aspect polymorphe et polyculturel : on le retrouve dans les milieux ufologiques, New Age, dans les milieux extrémiste de droite, chez les fous de Dieu, mais aussi dans la scène rap (Rockin’Squat et Keny Arkana pour ne citer que des exemples français) et à l’extrême gauche. Le conspirationnisme s’est démocratisé, s’est diffusé et surtout dilué dans les différents segments de la société…


KENY ARKANA "ORDRE MONDIAL" - Audio + photos par babylonik

L’hypercriticisme domine cette nouvelle phase : les partisans de l’interprétation paranoïaque-clinique du monde tendent à voir des manifestations du « complot » partout (13). Ainsi, la présence, ou l’absence de preuve, peut être un signe, un indice : « En conséquence, n’importe quel fait (ou absence de fait) peut subir une importation au sein de l’explication conspirationniste, et donc servir à en confirmer la validité. L’indice justifie l’explication autant que celle-ci est justifiée par lui » (14). Il faut garder à l’esprit qu’en paralittérature « tout signifie, au service d’une norme que jamais le texte ne remet durablement en question, et cela de façon inlassablement répétitive » (15).

La principale difficulté de ce type de recherches est de définir des frontières entre :
1/ des paranoïaques qui élaborent des théories du complot ou des théoriciens qui sombrent dans la paranoïa ;
2/ l’amateur de théories conspirationnistes et celui qui y croit réellement ;
3/ différentes formes de paranoïa : le délire paranoïaque pur, c’est-à-dire la folie, et le discours de type croyance permettant la compréhension d’un monde incompris.
De plus, il existe des possibilités interactionnistes, en particulier lors de théorie du complot, quand la réalité entretient la paranoïa. C’est le cas, par exemple, du 11 septembre… En outre, de ce fait, des délires apparus chez certains auteurs qui souffrent réellement de paranoïa peuvent se diffuser, par un phénomène de contagion (16) dans des milieux éloignés mais perméables à ce genre de théories, comme les milieux d’amateurs d’« histoire secrète » ou d’OVNIS. En effet, le paranoïaque est très perméable à la théorie du complot. En outre, il faut tenir compte de la volonté de dissimulation de la part des auteurs étudiés. Comme l’écrit Wiktor Stoczkowski : « En esquissant les règles méthodologiques de la lecture entre les lignes, Leo Strauss (17) observa que les énoncés occultés ne sont pas nécessairement implicites et qu’ils se manifestent fréquemment au travers d’équivoques, d’ironies, de contradictions délibérément entretenues, d’allusions sibyllines, de définitions excessivement alambiquées, de remarques précises dissimulées parmi d’insignifiantes notes de bas de page ou au milieux de longues et ennuyeuses descriptions qui n’éveillent guère l’attention d’un lecteur pressé. Si l’on cherche à les déceler, on ne peut faire l’économie d’une analyse minutieuse, pour chaque auteur, de la totalité de ses énoncés explicites et de l’ensemble de leur configuration » (18).

Enfin, il faut garder à l’esprit que « Les visions conspirationnistes sont indissociables d’une rhétorique de la dénonciation dont le premier caractère observable est un “style paranoïde”, comme si l’obsession du complot allait de pair avec un délire d’interprétation, susceptible d’être lui-même le symptôme d’une structure psychique paranoïaque. Le paranoïaque élimine l’incertitude, systématise la méfiance et généralise le soupçon, pour se construire une vision cohérente, du moins à ses yeux, de ce qui se passe dans son monde ou dans le monde » (19). Enfin, le conspirationnisme est aussi très ambivalent, entre archaïsme et modernité, entre inquiétude et rassurance, entre hypercriticisme et crédulité, entre scientificité et marginalité.

Définitions

Le radicalisme politique, de gauche comme de droite, peut être défini comme le refus des règles de la démocratie parlementaire, dont le jeu des partis. Les « milieux radicaux » comprennent les extrémismes politiques ainsi que les subcultures. Celles-ci sont des expressions de l’underground. Ce dernier se manifeste aussi par une radicalité politique (engagement ou désengagement radical) et/ou artistique associé à un très bon niveau culturel (autodidacte ou non) et à une volonté de subvertir (20). Selon Frédéric Monneyron et Martine Xibernas, le terme « underground » comprend aussi l’idée d’interdit, de non autorisé (21). Ces groupes radicaux refusent fréquemment la pensée dominante. Ainsi, selon Jean-Bruno Renard, i[« Pour les groupes minoritaires, la pensée dominante s’impose non par sa force argumentative ou son efficacité empirique, puisqu’elle est perçue comme fausse, mais par l’action d’organisations secrètes qui nous cachent la vérité et nous “désinforment” au travers de l’éducation et des médias […] C’est la même idéologie conspirationniste et la même vision manichéenne du monde, distinguant manipulateurs et manipulés, qui font que les partisans d’idées hétérodoxes se rapprochent : croyants aux extraterrestres et antisémites, négateurs de l’extermination des juifs et négateurs du débarquement sur la Lune, etc. »]i (22)

La paranoïa peut être définie de la façon suivante : la paranoïa est un trouble psychiatrique, une psychose qui se caractérise par un délire partiel de persécution extrêmement cohérent, qui n’empêche pas l’intégrité du jugement. En ce sens, la paranoïa est une construction intellectuelle. Il s’agit d’un délire d’interprétation, souvent accompagné de réactions d’agressivité, de méfiance et de susceptibilité. En ce sens, la paranoïa est une forme de système fermé : le paranoïaque est une personne qui s’est enfermée sur lui-même et dans son propre système… Comme il considère les autres comme des ennemis potentiels, le rapport à l’autre se fait dans le conflit. Enfin, le paranoïaque cherche toujours à prouver ses affirmations, mais ses arguments sont sans pertinence par rapport à son discours : il voit des preuves là où il n’y en a pas.

Le complot paranoïde

Le complot paranoïde est une création moderne, datant de la fin du XVIIIe siècle. En effet, si l’Histoire regorge de complots avérés, ce n’est que depuis les thèses de l’Abbé Barruel que sont apparus des complots, fantasmés, qui relèvent avant tout de la croyance (23). Des discours « proto-conspirationnistes » sont présents chez les puritains dès le début du XVIIe siècle : il est alors fréquent de voir des références à un complot du Démon pour pervertir les croyants. Cette forme de peur du Démon n’a pas pour autant disparu. Pour s’en convaincre, il suffit de se souvenir du phénomène de « La grande chasse aux satanistes » des années quatre-vingt-dix, analysée en 1994 par l’universitaire catholique conservateur Massimo Introvigne (24). L’antimaçonnisme y prend aussi racine très tôt, comme l’a montré Roger Dachez (25).

Paranoïa, contre-culture et milieux radicaux (1/2)
Le conspirationnisme joue un rôle important dans la culture populaire américaine de l’après-seconde guerre mondiale (26), voire plus largement Nord-américaine avec les publications du Canadien William Guy Carr, tel Pawns in the Game, paru 1958 (27). Toutefois, des prémisses sont présentes dans la culture américaine dès le XIXe siècle avec un conspirationnisme anticatholique, et plus récemment, après la Seconde guerre mondiale avec l’anticommunisme, en particulier d’un McCarthy (28). Dans ce dernier cas, « l’ennemi communiste était perçu comme omnipotent et ubiquiste, présent partout mais partout dissimulé, donc toujours à débusquer et à démasquer » (29). Dans le cas du conspirationnisme américain, le complot est souvent déduit de supposées « persécutions » dont sont victimes les « petits blancs ». En outre, dans le cas anglo-saxon, il faut prendre en compte l’importance de la peur du Diable chez les Puritains (30). Cette peur du Malin s’est laïcisée et s’est portée sur les catholiques, les communistes ou extraterrestres, tous représentations de l’« ennemi public », pour reprendre l’expression de Sophie Houdard (31). Pour celle-ci, « c’est l’ennemi, l’autre, celui que l’on soupçonne de détruire l’unité », de détruire l’État (32).

Concernant plus précisément le cas des extraterrestes, ceux-ci renvoient au « Mal », surtout dans l’Amérique des années cinquante. Dans les films et la littérature populaire américains de cette époque, les extraterrestres étaient souvent des allégories du « péril communiste ». Les extraterrestres chez Icke, Lear, Cooper, etc. sont perçus comme des démons. Ainsi, chez Icke, ce sont des « Reptiliens », chez Lear ou Cooper, des « Petits Gris » ou Short Greys. Ils le sont d’autant plus démoniaques que leurs repères, à l’instar du diable, se trouvent sous terre. Enfin, certains partisans paranoïaques de l’existence affirment même que les Short Greys se nourrissent de sang, d’hormones et d’enzymes humains, tels des vampires. Il existe donc un parallèle assez marqué nous permettant de considérer, dans ce type de discours, les extraterrestres comme un mythe actualisé des démons… Toutefois, moins les hommes croient au Diable et plus ils ont tendance à le voir partout… Une attitude qui permet l’essor du complot paranoïde dans les sociétés contemporaines. Cette attitude permet l’essor du complot paranoïde dans les sociétés contemporaines. Cependant, c’est la Révolution française qui va favoriser son développement : « L’idée du complot accompagne l’idéologie et la pratique révolutionnaires » (33). En effet, selon François Furet, « c’est véritablement une notion centrale et polymorphe, par rapport à laquelle s’organise et se pense l’action : c’est elle qui dynamise l’ensemble de convictions et de croyances caractéristiques des hommes de cette époques, et c’est elle qui permet tout à coup l’interprétation-justification de ce qui s’est passé » (34).

Depuis la parution des travaux des chercheurs Anglo-Saxons (35), les origines du conspirationnisme sont assez bien connues : elles peuvent être datées de la Révolution française. Auparavant, il existait bien des complots mais ceux-ci restaient enfermés dans une conception religieuse du monde : derrière le complot, il y avait l’Antéchrist, le Diable (dès le XVIe siècle) (36)… Après la Révolution, la nature du conspirationnisme pré-révolutionnaire se trouve remis en cause : la société, laïcisée, rationalisée, ne croit plus au Diable et vit dans l’incertitude. On rencontre très rapidement la convergence entre la pathologie paranoïaque et les discours à tendances conspirationnistes, en particulier dans les milieux des fous littéraires, très présents dans les milieux occultistes. De là, la théorie du complot va se diffuser très rapidement, d’autant plus que ces milieux étaient parfois proches des idées contre-révolutionnaires de Bonald, Maistre ou Barruel. Les milieux occultistes, à l’instar des milieux d’extrême droite, sont largement perméables aux théories du complot. Il était en effet courant dans la littérature occultiste de la fin du XIXe siècle de soutenir l’idée selon laquelle des « Supérieurs Inconnus » dirigeaient discrètement les destins de l’humanité (37)…


Notes :
(1) Sur l’« Autre » en tant qu’« ennemi absolu », cf. le dossier « L’ennemi » du n° 5 de Raisons politiques. Études de pensée politique, février 2002, en particulier l’« Éditorial » de Sandrine Lefranc & Marc Sadoun, pp. 3-7.
(2) Parmi les autres points communs, nous trouvons un refus du « système », un hypercriticisme (présent dans le négationnisme), ainsi qu’un antisionisme/antisémitisme.
(3) Cf. Claude Lévi-Strauss, La Pensée sauvage, op. cit.
(4) Véronique Campion-Vincent, La Société parano. Théorie du complot, menaces et incertitudes, Paris, Payot, 2005, p. 16.
(5) Cf. Marc Augé, Le Sens des autres. Actualité de l’anthropologie, Paris, Fayard, 1994, pp. 186-187.
(6) George Marcus, Paranoia within Reason: A Casebook on Conspiracy as Explanation, Chicago, University of Chigago Press, 1999, p. 1.
(7) Nathalie Heinich, Le Bêtisier du sociologue, Paris, Klincksieck, 2009, pp. 27-36.
(8) Cf. Pierre-André Taguieff, L’Imaginaire du complot mondial, op. cit.
(9) Jan van Helsing, Livre jaune nº 5, Tourrette sur Loup, Éditions Félix, 2001.
(10) En français : « Aux frontières du réel ».
(11) Cf. Philip Knight (ed.), Conspiracy Nation. The Politics of Paranoia in Postwar America, New York, New York University Press, 2002.
(12) Voir l’analyse de l’Empire américano-soviétique dans SIVA de K. Dick par rapport aux thèses élaborées sur le condominium URSS-USA. Phillip K. Dick, SIVA, Paris, Gallimard, 2006.
(13) C’est le cas par exemple de l’activisme des hackers, en particulier, de celui d’un Julian Assange, qui cherche à rendre entièrement transparente une société qu’ils supposent ne pas l’être. Pourquoi diffuser des documents, si ce n’est pour empêcher le maintien d’un secret (raisons réelles de la guerre en Irak, persistance de la « raison d’État », etc.) Ils appliquent la ritournelle de Jacques Dutronc : « on nous cache tout, on nous dit rien ». Le conspirationnisme dans cette variante est un hypercriticisme. Seulement, une société entièrement transparente est totalitaire. Il s’agit d’une « société disciplinaire » (Michel Foucault) ou d’une « société de surveillance » (Gilles Deleuze). C’est une concrétisation du panoptique de Bentham.
(14) Emmanuelle Danblon et Loïc Nicolas, « Modernité et “théories du complot” : un défi épistémologique », in Emmanuelle Danblon et Loïc Nicolas (dir.), Les Rhétoriques de la conspiration, op. cit., p. 19.
(15) Daniel Couégnas, Introduction à la paralittérature, Paris, Seuil, 1992, p. 115.
(16) Dan Sperber, La Contagion des idées, op. cit.
(17) Leo Strauss fut le premier à en proposer quelques règles d’analyse. Cf. Leo Strauss, Persecution and the Art of Writing, New York, The Free Press, 1952.
(18) Wiktor Stoczkowski, « Rires d’ethnologues », art. cit., pp. 101-102.
(19) Pierre-André Taguieff, La Foire aux illuminés, op. cit., p. 102.
(20) Le livre de Julian Assange (Underground, Paris, Éditions des Équateurs, 2011) en est un bon exemple.
(21) Frédéric Monneyron & Martine Xibernas, Le Monde hippie, op. cit.
(22) Jean-Bruno Renard, « Comment les mythologies se combinent entre elles ? », in Stéphane François & Emmanuel Kreis (dir.), Le Complot cosmique. Théorie du complot, ovnis, théosophie et extrémistes politiques, Milan, Archè, 2010, p. 10.
(23) Cf. John Roberts, La Mythologie des sociétés secrètes, Paris, Payot, 1979.
(24) Massimo Introvigne, Enquête sur le satanisme. Satanistes et antisatanistes du XVIIe siècle à nos jours, Paris, Dervy, 1997, pp. 314-368.
(25) Roger Dachez, « Les sources politiques et religieuses de l’antimaçonnisme aux États-Unis (1737-1850) », Politica Hermetica, n° 9, 1995, pp. 172-183.
(26) Timothy Melley, Empire of Conspiracy: The Culture of Paranoia in Postwar America, New York/Londres, Cornell University Press, 2000.
(27) William Guy Carr, Pawns in the Game, Los Angeles, St. George Press, 1958.
(28) Daniel Pipes, Conspiracy: How the Paranoid Style Flourishes and Where it Comes From, New York, Free Press, 1997, p. 115.
(29) Pierre-André Taguieff, L’Imaginaire du complot mondial, op. cit., p. 40.
(30) Arthur Versluis, The New Inquisitions: Heretic-hunting and the Origins of Modern Totalitarianism, Oxford, Oxford University Press, 2006.
(31) Sophie Houdard, « De l’ennemi public aux amitiés particulières. Quelques hypothèses sur le rôle du Diable (15e-17e siècles », Raisons politiques. Études de pensée politique, « L’ennemi », n° 5, février 2002, pp. 9-27.
(32) Ibid., p. 10.
(33) Paul Zawadzki, « Historiciser l’imaginaire du complot. Note sur un problème d’interprétation », in Emmanuelle Danblon et Loïc Nicolas (dir.), Les Rhétoriques de la conspiration, op. cit., p. 43.
(34) François Furet, Penser la Révolution française, Paris, Gallimard, 1983, p. 78.
(35) Outre les ouvrages cités dans cet article, pouvons renvoyer le lecteur vers les études suivantes : David Coady (ed.), Conspiracy Theories: The Philosophical Debate, Burlington, Ashgate, 2006 ; Jane Parish & Martin Parker (ed.), The Age of Anxiety: Conspiray Theory and the Human Science, Oxford, Blackwell, 2001.
(36) Sophie Houdard, « De l’ennemi public aux amitiés particulières », art. cit., pp. 10-11. Sur cette question, voir aussi Brian Levack, La Grande chasse au sorcière en Europe au début des Temps modernes, Paris, Champ Vallon, 1991.
(37) La terminologie de « Supérieurs Inconnus » provient à l’origine de la franc-maçonnerie. En 1751, le baron Charles-Gotthelf von Hund (1722-1776) fonde une nouvelle forme de maçonnerie : la Stricte Observance ou plus exactement l’Ordre supérieur des chevaliers du Temple sacré de Jérusalem. L’idée était que la franc-maçonnerie serait une perpétuation des Templiers dirigée par des « Supérieurs Inconnus » dont Hund était, selon ses dires, le seul mandataire, s’étant lui-même fait initier par un mystérieux chevalier au « plumet rouge », en 1747. Cette légende va connaître un succès considérable au cours des XIXe et XXe siècles. Récupérés par les antimaçons, les Supérieurs Inconnus vont devenir les vrais maîtres occultes de la franc-maçonnerie. Ils seront assimilés aux satanistes, aux juifs, aux maîtres de l’Himalaya de la Société théosophique, etc., devenant le symbole de la sphère dirigeante du complot mondial, selon la vulgate conspirationniste (Stéphane François & Emmanuel Kreis, Le Complot cosmique, op. cit., p. 74, note 3).

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Notes de lectures - 62: "Dieu en questions" 
By Scepticisme Scientifique, on 23/02/2012 at 10:31.

(Mais que lisent donc les sceptiques?)


Note: 2/5.

Destinée aux élèves belges du cours de religion catholique (pour le 5e et 6e secondaire), les éditions "Lumen Vitae" propose une séquence didactique consacrée à l'athéisme, intitulée "Dieu en questions" (en deux fascicules - un destiné aux élèves et l'autre au professeur).

La séquence prend grosso modo la forme suivante (qui pourra évidemment être plus ou moins adaptée par le professeur): un aperçu historique de la naissance et du développement de l'athéisme au cours des siècles, la présentation des trois maîtres du soupçon (Marx, Nietzsche et Freud), la lecture de textes de philosophes athées ou agnostiques contemporains (Luc Ferry et André Comte-Sponville), un passage par le débat entre science et religion (avec un petit détour par la théorie de l'évolution si le professeur le souhaite), une réflexion autour du fait que certains récits du début de l'Ancien Testament sont des mythes et enfin des auteurs chrétiens qui réagissent à l'incroyance.

Je trouve l'ensemble pas mal fait. On sent que "Lumen Vitae" cherche à mettre en avant des auteurs francophones. Si c'est une attitude louable, je pense que cela entraîne cependant quelques manques. Dans la partie qui discute de l'athéisme scientifique, on nous propose principalement Paul Danblon, qui n'est franchement pas très connu en dehors des frontières belges. Et encore, étant donné son âge avancé, il n'apparaît plus à la télévision depuis quelques années, et donc il est fort peu probable que les élèves le connaissent. Il me semble qu'il aurait été aussi judicieux de présenter (entre autres) le non-recouvrement des magistères de Stephen Jay Gould - et ce même si c'est un auteur américain. Il manque dans cette partie de la séquence une présentation claire de cette position.

Mais cela n'est finalement pas très grave. Si on rentre maintenant dans les choses qui m'ont vraiment dérangé, j'en citerai principalement deux.

La première est que, comme toujours, on fait passer aux élèves l'idée que s'il y a effectivement des récits mythiques dans la Bible, ce sont finalement uniquement ceux au tout début de l'Ancien Testament: OK, la genèse, le déluge, la tour de Babel, c'est des mythes. Cela sous-entend qu'après on rentre dans des récits historiques. Avant Abraham, on est dans de la mythologie, mais dès qu'on attaque Abraham, Isaac, Jacob et Joseph là on est prétendument dans des récits historiques. En réalité, l'analyse historico-critique a largement démontré que ce n'est pas le cas. Et évidemment, si on n'ose même pas dire que les récits de l'Ancien Testament sont largement des oeuvres de fictions (au même titre que, par exemple, l'Iliade ou l'Odyssée), il n'est pas étonnant que bien des gens continuent à croire (erronément) que la vie du Jésus historique (s'il y en a eu un) s'est globalement déroulée comme racontée dans le Nouveau.

La deuxième est que l'on repasse par la case Sigmund Freud. Pourquoi ne pas présenter le domaine de la psychologie de la religion en général? Si on veut absolument adopter un angle historique, pourquoi ne pas alors présenter le fondateur de cette discipline, William James, et son ouvrage séminal Les formes multiples de l'expérience religieuse (1902)? Pourquoi ne pas plutôt présenter les recherches contemporains, plutôt que de refourguer aux élèves les idées complètement datées de Freud? Uniquement parce que Paul Ricoeur a qualifié Marx, Nietzsche et Freud de maîtres du soupçon? C'est selon moi une raison franchement insuffisante. Au minimum, il faudrait présenter les trois philosophes, puis ensuite le domaine de la psychologie de la religion avec tout d'abord un texte de William James et ensuite une présentation d'études actuelles. Cela donnerai une image bien moins trompeuse aux élèves sur l'état présent de la recherche scientifique.

Mis-à-part ces deux critiques (faire croire aux élèves que seul les récits du tout début de l'Ancien Testament sont des mythes et limiter le vaste domaine de la psychologie de la religion à Sigmund Freud), je trouve la séquence didactique "Dieu en questions" pas mal du tout.


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Lazarus interviewe Florent Martin 
By Observatoire Zététique, on 23/02/2012 at 09:26.
La Raison, le scepticisme, la zététique, mais aussi le progrès, la justice. C’est une vision du monde. Un désir...
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Comment notre époque doute de la réalité 
By Conspiracy Watch, on 22/02/2012 at 19:18.
Entretien avec Luc Boltanski
Comment notre époque doute de la réalité
Théorie du complot, romans policiers, livres d’espionnage, paranoïa : comment notre époque en est-elle venue à douter de la réalité ? Le sociologue Luc Boltanski a creusé la question.

Le 11 Septembre fut-il l'oeuvre d'Al-Qaeda ou d'un complot visant à faire accuser le monde arabe ? L'affaire DSK, le fruit d'un complot de la droite pour faire tomber le champion de la gauche ? Les francs-maçons détiennent-ils le véritable pouvoir, comme le suggère nombre de couvertures d'hebdos ? Notre temps saturé d'informations semble être devenu un terrain privilégié pour la prolifération de "théories du complot" et autres modes de suspicion de la réalité. Existerait-il une autre vérité, cachée celle-là ? Du film Matrix à la figure du serial-killer dans le roman de Bret Easton Ellis, American Psycho, en passant par le roman d'espionnage d'Antoine Bello, Les Falsificateurs, l'art s'est emparé de ce doute inquiétant, de cette thématique du double mensonge/ vérité, normal/monstrueux.

Lire la suite sur le site des Inrocks.

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Autisme : tout ne marche pas ! 
By AFIS, on 21/02/2012 at 23:46.
par Jean-Paul Krivine « Dans l'autisme, rien n'est validé, tout marche si on met le paquet, c'est l'intensité de la prise en charge qui compte » - Professeur Bernard Golse (propos rapportés par Libération) Bernard Golse est médecin, pédiatre, pédopsychiatre et psychanalyste membre de l'Association psychanalytique de France. Ses propos rapportés par le journal Libération sont surprenants (« Dans l'autisme, rien n'est validé, tout marche »). Ceci laisse entendre qu'aucune méthode de prise en charge de (...) Articles
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Radioactivité : quelles doses ? 
By AFIS, on 21/02/2012 at 22:17.
SPS n° 298, octobre 2011 Le journal Scientific American1 a récemment publié un tableau présentant les ordres de grandeurs des doses que peut recevoir un corps humain dans différentes situations. Dose moyenne absorbée par le corps entier (en millisieverts) Scanner sécurité d'un aéroport 0,0001 mSv Cuisine par utilisation du gaz naturel 0,0004 mSv Radiographie d'un bras 0,001 mSv Densité osseuse par rayon X 0,001 mSv Trajet sur autoroute (par an) 0,004 mSv Radiographie (...) Articles
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Venezuela : l'opposant Henrique Capriles, cible de la théorie du complot 
By Conspiracy Watch, on 19/02/2012 at 02:13.
Venezuela : l'opposant Henrique Capriles, cible de la théorie du complot
Les partisans du président Chávez attaquent violemment le candidat de l’opposition pour les élections présidentielles d’octobre 2012. Une campagne de dénigrement aux relents antisémites…

Le week-end dernier, 3 millions de Vénézuéliens sont allés voter pour désigner celui qui sera le candidat unique de l’opposition pour affronter Hugo Chávez aux élections présidentielles d’octobre 2012. Le vainqueur de la primaire s’appelle Henrique Capriles Radonski.

Gouverneur de l’Etat de Miranda, Capriles, 39 ans, dirige le parti centriste Primero Justicia. Se décrivant lui-même comme un « catholique fervent », cet avocat de formation dit puiser son inspiration dans le bilan de l’ancien président brésilien Lula qui « a su combiner initiative privée et politique sociale ». Les médias « bolivariens » dénoncent quant à eux en Henrique Capriles un « bourgeois » doublé d'un « fasciste ».

Dans son numéro daté du 11 au 17 février 2012, l’hebdomadaire pro-Chávez Kikirikí a ainsi publié en première page une photo (ci-dessus) du candidat de l’opposition retouchée de manière à lui faire arborer une étoile de David au revers de sa veste. Un montage qui semble destiné à souligner les origines d'Henrique Capriles Radonski dont les grands-parents maternels - il ne s'en cache pas - sont des Juifs d’Europe de l’Est rescapés de la Shoah.

Le 13 février, la Radio nationale du Venezuela (RNV) a enfoncé le clou en mettant en ligne sur son site - qui dépend du gouvernement vénézuélien - un texte d'Adal Hernandez entièrement consacré au leader de l'opposition et intitulé « L’Ennemi est le Sionisme ». L'article reproche à Capriles (« le sioniste ») d’être lié secrètement à « l’oligarchie », la CIA, l’Opus Dei, et l’Etat d’Israël. Il conclut en expliquant que la présidentielle d’octobre 2012 se jouera entre « la révolution bolivarienne (...) et le sionisme international, qui menace de détruire la planète que nous habitons » (sic).

Des propos qui font échos à ceux d’Hugo Chávez. Dans la lettre qu'il a adressée au Secrétaire général des Nations Unies pour appuyer la demande de reconnaissance de l'Etat palestinien, le président vénézuelien écrivait que « c’est Israël qui dirige et fixe la politique étrangère des Etats-Unis au Moyen-Orient » (lire : Sharon et le « contrôle juif de l’Amérique »).

Accusées à plusieurs reprises de complaisance à l’égard de l’antisémitisme, voire d’attiser délibérément le ressentiment contre les Juifs, les autorités vénézueliennes n'ont cessé d'affirmer officiellement qu’elles condamnaient tout racisme à l’égard de quelque communauté que ce soit. Depuis l’arrivée au pouvoir d’Hugo Chávez, la moitié de la petite communauté juive du Venezuela a cependant quitté le pays.


Voir aussi :
* Quand Hugo Chávez célèbre un idéologue négationniste et conspirationniste
* Les Protocoles des Sages de Sion s'invitent sur la radio nationale vénézuélienne

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